Trente pucerons, trois feuilles, une coccinelle : le rapport de force est vite établi. Derrière leur allure de perles rouges à pois noirs, les coccinelles ne sont pas là pour décorer. Leur mission : remettre de l’ordre dans le chaos minuscule qui règne sur vos rosiers et légumes. Leur régime alimentaire ? Loin d’être anecdotique, il fait toute la différence pour la santé de votre jardin.
Ces petits insectes, véritables agents de la biodiversité, raffolent avant tout des pucerons. Ils s’en délectent sans retenue, et cette appétence fait d’eux l’un des meilleurs remparts naturels contre les invasions de ravageurs. Une coccinelle adulte peut engloutir chaque jour plusieurs dizaines de pucerons, et ce festin se répète inlassablement durant toute la belle saison.
Plan de l'article
Le régime alimentaire des coccinelles adultes
Les coccinelles adultes ne connaissent pas la monotonie à table. Si les pucerons restent leur plat favori, elles varient aussi les plaisirs. À force d’arpenter feuilles et tiges, elles croisent d’autres proies et ne s’en privent pas.
Voici un aperçu des insectes qui composent régulièrement le menu des coccinelles adultes :
- Cochenilles : Sur les agrumes, les plantes d’intérieur ou en serre, elles aspirent la sève et affaiblissent les végétaux. Les coccinelles les repèrent sans mal.
- Acariens : Ces minuscules arachnides, et notamment les tétranyques, tissent leurs toiles sous les feuilles et prolifèrent par temps sec. Les coccinelles leur font la chasse.
- Chenilles : Surtout les jeunes chenilles, avant qu’elles ne grossissent trop. Une aubaine pour les coccinelles, un souci de moins pour le jardinier.
- Cicadelles : Leur présence est plus discrète, mais elles ne passent pas toujours entre les mailles du filet.
Un régime varié, une efficacité redoutable
En s’attaquant à tous ces parasites, les coccinelles renforcent la résilience du jardin. Elles n’agissent pas seulement contre les pucerons, mais participent à un équilibre global. Cette polyvalence leur permet de s’adapter à des milieux variés, qu’il s’agisse d’un potager familial ou d’un massif urbain. Pour les jardiniers qui misent sur la protection biologique, leur rôle est tout simplement décisif.
Favoriser la présence des coccinelles
Vous voulez voir plus de coccinelles dans vos plates-bandes ? Commencez par installer des plantes qu’elles affectionnent. Capucines, soucis, fenouil ou coriandre font office de points de ralliement : ces végétaux hébergent souvent des colonies de pucerons, source de nourriture idéale. Un jardin diversifié attire immanquablement ces alliées discrètes.
Les larves de coccinelles : des prédatrices hors pair
On les confond parfois avec de petits alligators noirs et jaunes : les larves de coccinelles n’ont rien d’anodin. Leur appétit dépasse souvent celui des adultes, et leur présence dans le jardin est synonyme d’un nettoyage en règle des pucerons et autres parasites.
Une alimentation riche et ciblée
Pendant leur croissance, les larves de coccinelles ciblent principalement les pucerons. Mais elles diversifient aussi leur alimentation, ce qui contribue à limiter d’autres populations indésirables. Parmi leurs proies habituelles, on retrouve :
- Cochenilles : Elles s’attaquent aux jeunes individus ou aux formes les plus vulnérables.
- Acariens : Les larves n’ont pas peur d’aller chercher sous les feuilles ces proies minuscules.
- Jeunes chenilles : Quand l’occasion se présente, elles ne la laissent pas passer.
- Cicadelles : Leur consommation reste plus ponctuelle, mais elle existe.
En une dizaine de jours, une larve peut avaler jusqu’à 400 pucerons. Cette voracité leur permet de grandir rapidement et d’atteindre le stade adulte en pleine forme. Résultat : chaque génération renouvelle la force de frappe des coccinelles dans le jardin.
Comment encourager les larves dans votre jardin ?
Pour que les larves de coccinelles s’installent durablement, il faut leur offrir des zones refuges : végétation dense, haies libres, massifs non tondus. Bannissez les traitements chimiques qui anéantissent aussi bien les nuisibles que les auxiliaires. En privilégiant les plantes qui attirent les pucerons, capucines en tête, vous assurez aux larves un garde-manger constant.
Espèces de coccinelles : diversité et comportements
Le monde des coccinelles est loin d’être uniforme. On compte plusieurs espèces, chacune avec ses préférences et ses spécificités. Par exemple, la coccinelle à sept points (Coccinella septempunctata) règne sur les pucerons et s’impose comme une figure familière du jardin français.
La coccinelle à deux points (Adalia bipunctata) s’intéresse aussi aux cochenilles et aux acariens, tandis que la coccinelle jaune à quatorze points (Propylea quatuordecimpunctata) se révèle redoutable sur les pucerons, sans négliger d’autres petites proies.
Certains jardiniers font appel à des espèces spécialisées pour la lutte biologique. La Cryptolaemus montrouzieri, par exemple, fait merveille contre les cochenilles dans les vergers et les serres. La Rodolia cardinalis a déjà permis de sauver des plantations d’agrumes envahies de cochenilles.
Mais toutes les coccinelles ne sont pas des amies du jardinier. L’Harmonia axyridis, la fameuse coccinelle asiatique, bien qu’impitoyable avec les pucerons, s’est montrée invasive et représente une menace pour la biodiversité locale. Quant à l’Epilachna varivestis, elle délaisse les insectes pour s’attaquer directement aux plantes, causant des dégâts dans les cultures.
Pour préserver un équilibre naturel, mieux vaut apprendre à reconnaître les différentes espèces présentes et adapter ses pratiques : proscrire les pesticides et privilégier les solutions biologiques, c’est donner toutes ses chances à la lutte naturelle.
Comment attirer et installer durablement les coccinelles dans votre jardin
Attirer les coccinelles, c’est avant tout leur offrir un cadre accueillant. Privilégiez la diversité : rosiers, capucines, achillées, fenouil… Ces végétaux sont autant de lieux de chasse et de refuge pour les coccinelles. En multipliant les plantes intéressantes, vous multipliez les chances de voir ces insectes s’installer.
Voici quelques pistes concrètes pour encourager leur présence et leur installation :
- Écartez les pesticides chimiques. Non seulement ils tuent les nuisibles, mais ils éliminent aussi les coccinelles et bien d’autres alliés du jardin.
- Installez des hôtels à insectes. Ces abris permettent aux coccinelles de se mettre à l’abri du froid ou des intempéries, notamment en hiver.
- Misez sur un jardin varié. Plus il existe de types de plantes, plus la diversité d’insectes auxiliaires sera grande.
Et si les coccinelles se font attendre, il existe une alternative : renforcer la population en achetant des coccinelles élevées, à libérer dans votre jardin. Des solutions comme Coccilaure ou Coccifly, proposées par Insectösphère, permettent de donner un coup de pouce naturel à votre écosystème domestique.
Rester vigilant : santé et provenance des coccinelles
L’introduction de coccinelles, qu’elle soit spontanée ou assistée, nécessite quelques précautions. Certaines maladies fongiques, comme le Beauveria, peuvent décimer des populations entières. Prenez soin de choisir des fournisseurs spécialisés et contrôlés, afin de garantir la vitalité des insectes. Un suivi régulier et un environnement sain limitent les risques de propagation des pathogènes.
Faire place aux coccinelles, c’est choisir une autre forme de jardinage. Un jardin où l’observation remplace le réflexe chimique, où chaque feuille peut révéler un allié miniature. La prochaine fois qu’une coccinelle s’invite sur votre main, souvenez-vous qu’elle veille, sans bruit, sur l’équilibre de tout un monde végétal.
